La carte de circulation
La carte qui suit témoigne de deux points différents d'abord par ce qu'elle est ensuite par l'identité de son porteur...
En effet, la carte témoigne d'abord de l'existence, sur cent kilomètres en arrière des tranchées et ce sur la longueur du front, d'une zone administrativement dénommée la zone des armées. Le pouvoir y appartenait exclusivement aux militaires, ce qui subsistait du pouvoir civil étant soumis à leur contrôle. Pour circuler, les civils habitants dans ces zones devaient être en mesure de justifier leurs déplacements à l'intérieur d'un secteur préalablement défini.
Le porteur de la carte habitait à Aubigny, commune du canton de Corbie située à 10 km à l'est d'Amiens et avait le droit de circuler librement dans tous les cantons voisins (Villers Bocage, Amiens, Amiens Ville, Boves, Moreuil, Bray, Acheux et Albert) jusqu'à la limite de la zone interdite. Cette dernière était matérialisée par une ligne de démarcation sévèrement contrôlée séparant la zone non réservée (à l'abri de la guerre) de la zone réservée située à l'arrière immédiat, où les unités venaient "au repos".
L'autre aspect illustré par ce document est le travail des enfants durant la guerre. On parle en effet beaucoup du rôle des femmes durant le conflit mais on oublie trop souvent que les enfants ont eux-aussi contribué à l'effort de guerre : Julien Auguste Pierre Laurent, le porteur de la carte, était né à Amiens le 29 mai 1904 et n'avait donc que 13 ans et demi quand cette carte lui a été délivrée, celui-ci occupant le poste d'"ouvrier d'usine"...
Pour l'anecdote, comme le montre le registre d'Etat-Civil de la ville d'Amiens, Julien Auguste Pierre Laurent s'est marié en 1927 et est décédé à Corbie le 28 septembre 1969 à l'âge de 65 ans...
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