Le piège à rats
Gaspard, c’est sous ce vocable que le rat est désigné dans l’argot des poilus. Si le surnom est sympathique, la réalité l’est beaucoup moins : pendant que les armées s’entretuent, Gaspard est bel et bien le roi du champ de bataille et le piège présenté ici pourrait à lui seul symboliser l’horreur des tranchées.
De conception simple, ce piège, à l'origine destiné aux belettes, fonctionne grâce à une palette basculante : quand un rat, attiré par un appât, entre à l'intérieur, la palette bascule vers l'avant et le système anti-retour empêche la palette de rebasculer vers l'arrière, l'animal est alors prisonnier vivant dans la boîte.
Piège ouvert
Piège fermé
Rongeur nocturne toujours en quête de nourriture, le rat infeste les abris de première ligne et s’attaque aux rations, aux vêtements et aux bougies des soldats, n’hésitant pas à passer sur les corps endormis et à frôler les visages.
En plus de ces nuisances, le rat, par l’intermédiaire des puces, transmet des maladies, qu’il s’agisse du typhus, de la leptospirose ou de l'érysipèle, une infection de la peau.
Cependant, au-delà de la peur de l’épidémie, c’est la vision des rats dévorant les cadavres qui choque le combattant, ces rongeurs commençant toujours par les parties les plus tendres (lèvres, paupières et yeux) avant de se glisser sous l’uniforme... Les brancardiers ne peuvent soulever un mort sans en trouver deux ou trois dessous.
Pour s’en débarrasser, les poilus engagent une lutte sans merci. Si les pièges font effectivement fureur, la plupart sont vite éventés par le rusé Gaspard et on leur préfère une chasse plus artisanale (battues au bâton, au fusil, avec des chats, des chiens ratiers, voire même des furets) ou plus élaborée (gaz sulfureux, extraits toxiques). L’Etat-Major en vient même à récompenser d’une prime les queues de rats tués par les poilus… sans plus de succès.
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