Le canonnier Henri Soulard
Né le 23 mai 1897 à St-Pierre-du-Palais en Charente maritime, et donc de la classe 1917, mon arrière-grand-père, Henri Soulard, fit partie de ces nombreux jeunes gens qui furent emportés dans la tourmente de la Grande Guerre.
Henri essaye de se faire incorporer dès 1915 mais une « hernie volumineuse et hydrocèle » lui vaut d’être alors exempté. Il réitère sa demande en 1916 et passe alors comme le révèle son livret militaire « dans le service armé par décision du conseil de révision en date du 27 mai 1916 ».
Il est ainsi incorporé le 28 août, arrive au corps le 29 et devient 2ème canonnier au 84ème Régiment d’Artillerie lourde (RAL). Il reçoit dès lors, avec ses camarades et sous la surveillance d’un sergent chef de pièce, la charge d'entretenir un canon, de le mettre en batterie, s’occupant de tout ce qui touche à la manutention autour de la pièce, et bien entendu du service de la pièce.
Au sein du 84ème RAL il échappe vraisemblablement à la bataille de la Somme, sa fiche matricule révélant qu’il est maintenu à l’arrière durant toute sa durée d’affectation au 84ème RAL (C.S : campagne simple du 28 août 1916 au 31 mars 1917).
Livret militaire
C’est durant cette période qu’il obtient les 2 seules permissions mentionnées sur son livret militaire, 2 « permissions agricoles » de 20 jours (du 24 septembre au 13 octobre 1916) et de 15 jours (du 10 au 24 novembre 1916).
Le 27 mars 1917, il est reversé au 82ème RAL et se retrouve donc au front sur lequel il restera jusqu’à la fin de la guerre (C.D : campagne double du 1er avril 1917 au 11 novembre 1918). Il est tout de suite amené à participer à l’offensive du Chemin des Dames qui débute peu de temps après. C’est sans doute à cette occasion qu’il stationne à Paissy, village situé à moins de 10 km de son chef-lieu de canton, Craonne.
Le secteur du Chemin des Dames (vue satellite google maps)
Le Chemin de Dames est la route indiquée D18CD
Deux vues de Paissy en 1917
C’est en tout cas dans ce village de Paissy qu’il fabrique dans une douille de 75 court le vase souvenir portant son nom et sa classe, la mention « Souvenir de Paissy » et un dessin de… chameau, peut-être une évocation des tirailleurs sénégalais qui participèrent en nombre à cette offensive et qui devaient occuper les mêmes lieux de cantonnement..
De cette époque remonte peut-être aussi la seconde douille gravée qu’il a ramenée du front, douille de 75 court là-encore mais plus simplement martelée et décorée d’une couronne de lierre entourant une feuille de la même plante.
C’est sans doute aussi à cette époque qu’il est gazé, ce qui lui vaudra d’être en 1935, réformé définitif n°1, c’est-à-dire en raison d'une blessure invalidante du fait de guerre. Souffrant de « troubles digestifs de type hypopeptiques », d’une « sclérose légère du sommet droit » (des poumons) et d’un « emphysème pulmonaire » comme le révèle sa fiche matricule, il bénéficie d’une « pension permanente de 45 % ».
En attendant sa démobilisation, il reste sous les drapeaux toujours au 82ème RAL, jusqu’au 30 septembre 1919, occupant un poste d’instructeur comme le révèle son « Certificat de capacité valable pour la conduite des véhicules militaires », délivré le 1er juillet 1919.
Celui qui était désigné comme cultivateur au moment de son incorporation, revient à la vie civile et reprend avec difficulté le cours d’une vie normale, déménageant à plusieurs reprises : son livret militaire permet en effet de suivre sa trace de Marcillac en Gironde où il s’installe au moment de sa démobilisation, à Montguyon en Charente maritime qu’il rejoint en 1923, Guîtres en Gironde en 1931, Gensac, toujours en Gironde en 1933 pour revenir se fixer définitivement à Guîtres en 1934.
Ce sont sans doute ses soucis de santé qui l’obligent alors à laisser des travaux agricoles devenus trop difficiles pour occuper un poste de cantonnier.
Sa blessure occasionnée par les gaz sera finalement à l’origine de son décès survenu à l'âge de 40 ans, le 7 janvier 1938, à Guîtres. Il laisse derrière lui une veuve et deux enfants parmi lesquels mon grand-père.
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